36 mois. Ce chiffre ne s’applique pas à tous, mais il peut changer le quotidien de milliers de seniors frappés par la perte d’emploi. Rarement aussi longue, la durée d’indemnisation au chômage pour les plus de 55 ans redessine tout un pan de la vie active, entre espoirs, incertitudes et réformes à répétition.
Dans cette réalité mouvante, des mécanismes spécifiques comme le maintien des droits jusqu’à la retraite à taux plein, sous certaines conditions, brouillent les repères. Les démarches et critères d’accès se renouvellent au fil des textes, ce qui exige une attention constante pour ne rien rater des évolutions en vigueur.
Chômage après 55 ans : une réalité aux enjeux spécifiques
Le chômage des plus de 55 ans pèse lourd dans les chiffres. Près de 900 000 demandeurs d’emploi seniors sont recensés en France. Leur taux d’emploi s’améliore lentement, mais la précarité demeure : les seniors restent les plus exposés à une période d’inactivité prolongée et peinent à retrouver un poste. D’après la Dares, si le taux de chômage des plus de 55 ans tourne autour de 6,5 %, la durée moyenne d’inscription explose, plus de 600 jours. C’est plus qu’un cap, c’est un vrai parcours du combattant.
Une fois écartés du marché du travail, les seniors se heurtent à un mur invisible : la discrimination à l’embauche. Difficile à prouver, souvent évoquée, elle se manifeste par des hésitations patronales : coût salarial, clichés sur l’adaptabilité… Résultat, un an après avoir perdu leur emploi, seuls 39 % des 55-64 ans ont retrouvé un poste, contre 62 % des quadragénaires. Les écarts se creusent.
L’emploi des seniors s’impose ainsi comme un défi collectif. Les réformes tentent de maintenir ces profils en activité, misant sur la formation et des dispositifs particuliers, mais le rythme du terrain n’est pas toujours celui des lois. Plus l’inactivité s’étire, plus le retour devient aléatoire. Pour ces demandeurs d’emploi, l’enjeu va au-delà de la simple reprise d’activité : il s’agit de regagner la confiance d’un marché qui hésite à miser sur l’expérience.
Quels sont les droits et conditions d’indemnisation pour les seniors ?
Pour les plus de 55 ans, la durée d’indemnisation se distingue nettement. Les règles classiques ne s’appliquent plus : dès 53 ans, la période d’indemnisation s’allonge. Précisément, les demandeurs d’emploi ayant 53 ou 54 ans à la rupture de leur contrat peuvent bénéficier de 27 mois d’indemnisation, soit 837 jours. À partir de 55 ans, ce délai grimpe à 36 mois, soit 1095 jours. Cette mesure vise à compenser la difficulté accrue du retour à l’emploi dans cette tranche d’âge.
L’ouverture des droits au chômage reste soumise à la même règle : avoir travaillé au moins 6 mois, soit 130 jours ou 910 heures, sur la période de référence. Cette période varie : 24 mois pour les moins de 53 ans, 36 mois au-delà. Le montant de l’allocation dépend du salaire journalier de référence (SJR), calculé sur la base des salaires perçus pendant la période considérée.
L’allocation retour à l’emploi (ARE), versée par France Travail, fluctue selon le SJR et l’historique de cotisation du demandeur. Il est possible, sous conditions, de cumuler une allocation partielle avec un revenu d’activité, pour conserver un certain niveau de ressources tout en reprenant pied dans le monde professionnel.
Pour mieux visualiser ces critères, voici les principaux points de vigilance :
- Âge à la fin du contrat : les seuils s’appliquent dès 53 ans
- Durée maximale : de 27 à 36 mois, selon l’âge du demandeur
- Période de référence : jusqu’à 36 mois pour les plus de 53 ans
L’arrivée à l’âge légal de la retraite ou le départ effectif mettent fin à l’indemnisation, mais tant que ces étapes ne sont pas franchies, la couverture se poursuit, à condition de remplir les critères pour une pension à taux plein.
Réformes récentes : ce qui change pour les demandeurs d’emploi de plus de 55 ans
Depuis 2023, la réforme assurance chômage modifie sensiblement la donne pour les seniors. La durée d’indemnisation prolongée au-delà de 55 ans a été confirmée, mais les conditions d’accès se durcissent et l’accompagnement se transforme. L’objectif est affiché : mieux accompagner les seniors, mais aussi pousser les entreprises à les intégrer à nouveau dans leurs rangs.
La durée d’indemnisation maximale reste fixée à 36 mois pour les plus de 55 ans, alors qu’elle n’est plus que de 18 mois pour les moins de 53 ans. Parmi les nouveautés, le bonus emploi senior et le CDI senior font leur apparition. Ce dernier vise à faciliter l’embauche des profils expérimentés, en accordant aux entreprises une exonération de charges sociales si elles recrutent un demandeur d’emploi de plus de 55 ans en CDI.
Les possibilités de cumuler emploi et indemnisation évoluent également. Le cumul partiel d’une allocation avec un salaire issu d’une nouvelle activité reste possible, mais le suivi se renforce. France Travail adapte aussi son accompagnement, en proposant davantage de formations et en facilitant l’accès à la formation professionnelle, pour accélérer le retour dans la vie active.
Retenez les mesures phares qui redéfinissent le quotidien des seniors en recherche d’emploi :
- Durée maximale d’indemnisation : 36 mois maintenus pour les plus de 55 ans
- CDI senior : nouveau contrat dédié à cette tranche d’âge
- Bonus emploi senior : des allègements de charges pour inciter à l’embauche
Avec ces changements, le marché du travail ne reste pas figé. Les demandeurs d’emploi seniors doivent aujourd’hui composer avec des dispositifs plus dynamiques, mais aussi plus exigeants en matière de recherche active et de gestion de carrière.
Ressources et accompagnement : où trouver de l’aide pour mieux vivre cette période
Se retrouver au chômage après 55 ans, ce n’est pas seulement faire face à une période de transition : c’est aussi bénéficier d’un accompagnement qui va bien au-delà du simple dossier administratif. France Travail propose un ensemble de services adaptés à la situation des demandeurs d’emploi plus âgés. Ateliers collectifs, suivi personnalisé, accueil dédié : chaque senior se voit proposer un accompagnement taillé sur mesure, en fonction de son secteur et de son parcours.
La formation professionnelle prend une place centrale dans cette dynamique. Le Compte personnel de formation (CPF) et la Préparation opérationnelle à l’emploi financent des parcours spécifiques : réorientation, compétences numériques, métiers en tension… Autant de solutions concrètes pour renforcer l’employabilité sur un marché parfois hésitant.
Quelques ressources à activer :
- Les conseillers spécialisés de France Travail, formés pour accompagner les seniors dans leurs démarches
- Les ateliers de stratégie professionnelle qui permettent de retravailler CV, réseaux et entretiens
- La VAE (validation des acquis de l’expérience), passerelle vers une reconnaissance officielle des compétences acquises
- Les dispositifs de cumul emploi-retraite, pour organiser une transition souple vers le départ à la retraite
Le chômage passé 55 ans peut aussi ouvrir l’accès à un accompagnement renforcé pour les carrières longues. Des structures comme l’APEC pour les cadres, les réseaux d’entraide ou les plateformes locales élargissent encore le spectre des solutions. Il est judicieux de se renseigner sur les formations et cours proposés localement, souvent soutenus par les régions. L’isolement n’est jamais une fatalité : solliciter l’ensemble des relais d’information et multiplier les démarches, c’est aussi mettre toutes les chances de son côté pour rebondir ou sécuriser son parcours jusqu’à l’âge légal de départ.
Rien n’oblige à s’effacer lorsque le marché du travail ralentit. À 55 ans et plus, l’histoire professionnelle n’est pas écrite d’avance, elle peut encore se réinventer, au fil des opportunités et des soutiens mobilisés.


