Cryptomonnaies : quelles sont les plus polluantes ?

Le minage de certaines monnaies numériques peut consommer davantage d’électricité qu’un pays entier comme l’Argentine. Selon l’Université de Cambridge, une seule transaction de Bitcoin génère en moyenne 402 kg de CO₂, soit l’équivalent de 892 000 transactions Visa.

Le classement des cryptomonnaies les plus énergivores ne correspond pas toujours à leur popularité ou à leur valeur marchande. Des alternatives aux mécanismes traditionnels existent et modifient l’impact environnemental du secteur. Les choix technologiques conditionnent directement l’empreinte carbone de chaque actif numérique.

Comprendre l’empreinte écologique des cryptomonnaies : chiffres et enjeux actuels

Impossible de contourner la question de la consommation d’énergie des cryptomonnaies. Les données du Cambridge Centre for Alternative Finance sont implacables : le réseau Bitcoin engloutit près de 150 térawattheures (TWh) par an, soit davantage que la consommation de nombreux pays, France comprise. Bitcoin, à lui seul, absorberait près de 0,7 % de l’électricité générée mondialement.

Quant au bilan carbone, il s’apparente à celui de la Belgique, d’après le Bitcoin Mining Council, avec près de 86 millions de tonnes de CO₂ émises chaque année. La réalité, il faut le dire, dépend beaucoup de l’origine de l’électricité selon les régions du globe : hydroélectricité, charbon, gaz naturel… impossible de généraliser.

Les ravages ne s’arrêtent pas à la facture électrique. L’extraction, la fabrication et la mise au rebut régulière de composants informatiques provoquent un flux massif de déchets électroniques. Une simple transaction sur le réseau Bitcoin consomme autant qu’un foyer français en un mois : le chiffre claque.

Pour bien cerner la complexité et les polémiques sur le sujet, plusieurs points méritent l’attention :

  • Bitcoin écrase la concurrence avec une empreinte carbone sans commune mesure, suivi par d’autres blockchains qui, selon leurs réglages, s’avèrent elles aussi très gourmandes en énergie.
  • La France réfléchit à imposer un encadrement législatif afin de réduire la pression environnementale du secteur blockchain.

Face à ces chiffres, le secteur brasse débats et contradictions. L’industrie crypto oscille sans cesse entre course à l’innovation débridée et exigence d’une société bien décidée à réduire l’impact climatique de l’activité numérique.

Pourquoi certaines cryptomonnaies polluent-elles autant ? Décryptage des mécanismes énergivores

Derrière cette consommation électrique démesurée, un mot d’ordre : le minage, mécanisme de sécurisation et de validation propre à la blockchain. Deux systèmes s’affrontent dans le paysage : le proof of work (PoW) d’une part, le proof of stake (PoS) de l’autre. À chaque modèle, son effet sur l’électricité mondiale.

Le proof of work, pilier de Bitcoin, tourne à la frénésie informatique. Des fermes de serveurs rongent de l’énergie jour et nuit dans le seul but de résoudre des calculs et sécuriser les échanges. Ce ballet survolté de machines, notamment massif au Kazakhstan et dans d’autres zones peu régulées, s’appuie trop souvent sur des ressources fossiles, aggravant encore le bilan carbone de la pratique.

Par contraste, le proof of stake bouleverse la donne. Plus besoin de mobiliser des armées d’ordinateurs 24 heures sur 24 : les validateurs sont choisis de manière aléatoire et la dépense énergétique chute mécaniquement. L’empreinte écologique n’a plus rien à voir avec les excès du PoW.

Système Consommation électrique Exemple
Proof of Work (PoW) Très élevée Bitcoin
Proof of Stake (PoS) Faible Ethereum (après The Merge)

Autrement dit, la question véritable n’est pas la blockchain, mais bien la méthode de validation. Lorsque la sécurité repose sur la puissance de calcul, c’est tout le secteur qui vacille du côté obscur de la pollution numérique.

Quelles monnaies numériques sont les plus nocives pour l’environnement ? Le classement des plus polluantes

S’il fallait ne retenir qu’un nom dans cette course à l’impact écologique, c’est bien Bitcoin. Premier de la classe, mais aussi premier sur la liste noire des émissions. Avec une consommation électrique annuelle estimée à presque 150 térawattheures, il rivalise avec des pays entiers. Ses émissions de gaz à effet de serre tutoient les sommets, loin devant toute la concurrence.

Avant 2022, Ethereum se trouvait placé juste derrière Bitcoin, jusqu’à la fameuse transition vers le proof of stake (The Merge) qui a fait plonger sa consommation énergétique de plus de 99 %. Aujourd’hui, il n’apparaît presque plus dans le classement des actifs les plus polluants.

Les grandes lignes de ce palmarès écologique se dessinent ainsi :

  • Bitcoin domine outrageusement côté gaz à effet de serre et consommation énergétique
  • Ethereum (avant The Merge) était le second plus énergivore ; son passage au PoS a balayé la majeure partie de son impact
  • Litecoin et Bitcoin Cash, héritiers du proof of work, tiennent la corde avec une empreinte carbone lourde, même distancée par Bitcoin

Les blockchains les plus anciennes restent larguées sur le sujet environnemental, tandis que les nouveaux projets cherchent à atténuer ce sillage polluant. L’empreinte carbone et la pollution numérique suscitent de plus en plus d’analyses, alimentant régulièrement la controverse dans la filière.

Femme regardant une infographie sur l

Des alternatives plus vertes existent-elles ? Vers une blockchain responsable et durable

Impossible d’ignorer la progression du proof of stake qui s’impose désormais pour toute cryptomonnaie écologique. Ce mécanisme évite la débauche de calcul, faisant mécaniquement chuter la consommation énergétique. L’après-« The Merge » d’Ethereum a largement fait la démonstration : d’après la Fondation Ethereum, la consommation d’électricité du réseau a été divisée par cent.

Autre levier utilisé : le choix des énergies renouvelables dans les centres de minage. Selon certaines estimations de l’industrie, près de 60 % de l’électricité utilisée par les mineurs de bitcoin serait désormais d’origine renouvelable. En réalité, tout dépend du contexte local, mais l’inflexion s’amorce.

Des mouvements se structurent dans le secteur : initiatives inspirées de l’accord de Paris sur le climat, appels à la responsabilité des mineurs, campagnes d’organisations comme Greenpeace… Les discussions se multiplient aussi du côté des institutions publiques, avec des projets de régulation visant à encourager une blockchain durable.

Voici les voies que le secteur privilégie aujourd’hui pour atténuer son impact :

  • Généralisation du proof of stake, un modèle qui réduit drastiquement la facture énergétique ;
  • Recours accru aux énergies renouvelables, même si leur part fluctue fortement selon les régions ;
  • Lancement de projets de compensation carbone, lesquels peinent encore à garantir une traçabilité parfaite.

On le voit : la blockchain a enclenché son virage vers un modèle moins énergivore, motivée par le regard critique du public et la pression réglementaire qui s’annonce. Tandis que certains espèrent une véritable révolution verte, une interrogation surgit : le secteur avancera-t-il assez vite pour transformer son image, ou demeurera-t-il dans la mémoire collective comme le symbole des débuts numériques déconnectés du monde réel ?

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